• Chapitre 02

      

       La jeune femme attendait à l'aéroport, son maigre bagage collé contre elle. Depuis qu'on l'avait laissé seule, elle était restée dans cette position prostrée sur son siège, à attendre que son vol soit annoncé. On lui avait tout expliqué : la compagnie qu'elle devait prendre, l'heure de décollage, ce qu'elle devait faire pour passer la sécurité. Tout. La personne qui l'avait accompagné ne s'en était peut-être pas rendu compte, mais elle l'avait aidé à prendre un nouveau départ.

       Elle ignorait encore combien de kilomètre, elle avait parcouru avant d'atteindre une petite ville entourée par les sables. Elle ignorait encore combien de kilomètre, elle avait parcouru avant d'atteindre une petite ville entourée par les sables. C'était à peine si on pouvait voir le bitume. Elle avait cessé sa course, allaitante, suante et surtout assoiffée et peut-être, même, affamée. Cette personne, cette Kim, elle l'avait rencontré quelques jours plus tôt après avoir longuement couru dans le désert. Sa nuque la tirait, la chauffait, au même titre que ses bras, que son nez. D'étranges sensations nouvelles. En passant depuis la vitrine d'un garagiste, elle avait aperçu une jeune femme décoiffée, mal habillée, la peau rougit. Il lui avait fallu un certain temps avant de comprendre qu'il s'agissait d'elle. Pour la première fois, elle s'était vue dans ce nouveau corps, cet amas de chair qui faisait d'elle une personne comme toutes les autres.

       Puis, une jeune femme, derrière elle l'avait interpellée :

    -Hey ! Est-ce que ça va ?

       La cendrillon s'était retournée, les yeux hagards, effrayée par ce qui allait bien pouvoir arriver. C'était la première qu'elle pouvait interagir avec un humain, sans que celui-ci la voie comme une créature. Cette personne était libre de lui parler, de lui répondre, de l'écouter. Elle avait senti son corps légèrement trembler d'appréhension ou bien, était-ce à cause de sa course effrénée quelques minutes plus tôt ? Quoiqu'il en soit, elle était restée muette, le regard sur la personne qui venait de l'interpeller.

    -Tout va bien ?, avait-elle encore demandé tout en se rapprochant de l'étrangère.

       Elle l'avait à peine touché que tout son corps se laissa tomber vers le sol, épuisé. Elle avait entendu des cris de secours, elle s'était sentie soulevée dans des bras musclés puis plus rien. Jusqu'à ce qu'elle se réveille dans une chambre fraîche où veillait cette même personne qui lui avait parlé. À partir de cet instant, les choses s'étaient enchaînées sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle s'était présentée sous le nom de Kukki Smith. Kukki était le nom que lui avaient donné Alaïs et Hector durant sa toute jeune enfance. Elle ignorait encore d'où leur était venue cette idée. Quant au nom Smith, elle avait lu dans de nombreux ouvrages ce nom de famille. Elle avait, alors, suggérer que c'était un nom de famille assez commun. Incertaine des événements qui l'avaient poussé à fuir, elle préféra jouer la carte de l'amnésie partielle. Elle avait déclaré ne pas se souvenir de la raison de sa course jusqu'ici, mais, en revanche, elle se souvenait qu'elle voulait partir pour le Japon.

       Bien entendu, la somme astronomique qui se trouvait dans son sac avait soulevé aussi des questions. Elle avait justifié ce fait par une certaine parenté avec une famille très aisée. Un prétexte pour inventer une histoire supplémentaire : elle avait dû les fuir, ça aussi elle s'en souvenait, prétendument, et elle avait pris quelques billets à son père pour survivre.

    -Survivre ?! Avec tout ce qu'il y a là-dedans, tu as largement de quoi racheter la ville !

       À cela, Kukki avait haussé les épaules. Elle n'avait pas vraiment idée de ce que tout cela représentait. Elle avait toujours vécu dans un cocon. Ce qui était en partie vrai, d'ailleurs. Et il n'avait pas fallu longtemps à Kim, sa sauveuse, pour s'en rendre compte. Elle l'avait guidé pour réserver son billet d'avion, elle l'avait aidé à choisir quelques nouveaux habits, de quoi se laver, se pomponner. Sans jamais chercher quelque chose en retour. Kim avait, alors, expliqué qu'il était rare que des étrangers arrivent dans cette ville et qu'il était toujours bien mieux de se montrer charitable plutôt que pègre. Elle l'avait même emmené jusqu'à l'aéroport de San Francisco avant de repartir. Pour la remercier, Kukki avait voulu lui donner une somme généreuse, ayant entre-temps, ouvert un compte avec l'aide de sa sauveuse. Kim avait refusé. Par peur, sans doute. Après tout, elle ne pouvait pas être sûre à cent pour cent de la véracité des propos de l'étrange Kukki.

    -Mesdames et messieurs, nous invitons les passagers à destination de Narita de bien vouloir s'avancer.

       Narita ! C'était à elle. D'un mouvement vif, Kukki se leva et suivit les personnes qui se dirigeaient vers la porte d'embarquement. Elle avait tout fait et de ses liasses, il ne restait maintenant qu'une petite carte dorée bien cachée dans ses habits neufs. Arrivée devant l'hôtesse, elle tendit son billet d'avion ainsi que ses papiers d'identité qu'elle avait trouvé caché au fond de son sac au cours de son séjour dans la petite ville près du désert. Ça avait été un soulagement de voir que ces faux papiers étaient bels et biens au nom de Kukki Smith et pas de quelqu'un d'autre. Elle avait également découvert qu'elle avait une double nationalité : américaine et japonaise. Elle était, au dire de Kim, une hāfu, une métisse. Les choses semblaient se dérouler de manière étrangement facile, mais Kukki décida d'ignorer ce fait.

    -Bon voyage, madame Smith.

       L'hôtesse lui adressa un sourire des plus professionnels, presque convainquant auquel la jeune femme répondit avant d'avancer. Quelques longues minutes plus tard, son avion décolla.

     

       Le jeune homme passa à travers une sorte de trouée invisible, s'étalant de tout son long sur le sol. Sur son visage, on pouvait y lire de la colère, mais aussi un peu de douleur.

    -Foutu mew-mew !, pesta-t-il en se relevant.

       Une fois debout, il se tint les côtes, inspirant profondément dans l'espoir de faire passer la douleur. Il allait encore devoir déranger son frère aîné pour qu'il lui applique quelques soins. Cette idée ne l'enchantait pas du tout, car avant cela, il savait qu'il allait devoir essuyer quelques remontrances. Oui, il était encore parti tête baissé vers la confrontation ! Mais cette stratégie fonctionnait bien avant. Oui, avant que ces filles étranges n'arrivent, personne n'avait trouvé quoi que ce soit à redire sur sa manière de faire. Il soupira. Pai avait peut-être raison. Il fallait qu'il se fasse à l'idée qu'à partir de maintenant, il était plus prudent d'agir de manière plus stratégique. La première partie de leur plan avait fonctionné après tout. Jour après jour, des milliers d'humains périssaient. Mais pas assez vite au goût de Kisshu. Alors, plutôt que d'attendre sagement que ce virus anéantisse l'humanité tout entière, il avait préféré s'occuper et le Deep Blue, leur chef, n'avait rien trouvé à redire. Il semblait, bien au contraire, encourager ses deux autres frères à en faire de même.

       D'un pas difficile, le jeune homme s'avança jusqu'à atteindre une vaste salle où étaient affichés de nombreux écrans de tailles différentes. Au milieu, se trouvait son frère aîné, accompagné de leur benjamin, Tart. Ils discutaient, mais s'interrompirent en le voyant arrivé.

    -Kisshu !, cria le plus jeune en ce dirigeant rapidement vers son frère.

    -Ce n'est rien !, répondit celui-ci d'un ton sec et agacé.

       Un peu plus loin, Pai s'était également avancé, mais il était bien moins alarmé que le plus jeune. Kisshu pouvait même constater dans son regard, l'once d'une certaine satisfaction. Il lui avait conseillé, à mainte reprise, de patienter encore un peu avant de repartir au combat. Mais le cadet des trois frères n'était pas de ceux qui attendaient sagement. Il préférait la pratique à la théorie. Et c'est bien cela qui le distinguait de ses deux frères ou plutôt demi-frères. Comme de nombreux autres enfants de sa planète, Kisshu avait perdu ses parents biologiques dans un glissement de terrain fatal. Les parents de Pai et Tart, témoins de la tragédie, avaient pris le jeune enfant avec eux. Si sa relation avec Tart était plutôt correcte, les choses étaient plus compliquées Pai. Ça l'avait toujours été. Ils étaient le jour et la nuit. La réflexion et l'action. L'introverti et l'extraverti. Tous les opposaient et leur relation était souvent compliquée. Malgré tout, Pai avait pris son rôle de grand frère à cœur et protégeait au mieux son cadet au même titre que leur bien plus sage jeune frère.

    -Je t'avais prévenu, déclara Pai d'un ton calme.

    -La ferme, répondit le cadet d'un ton exaspéré. Épargne-moi ton laïus, veux-tu ? Je voudrais plutôt que tu trouves quelque chose pour soulager la douleur.

       L'aîné se tut et continua d'avancer vers le blessé. D'un geste expert, il ordonna à son frère de retirer sa main de ses côtes pour examiner l'hématome qui avait commencé à se former.

    -Elles n'y sont pas allées de main morte cette fois, constata-t-il

    -Elles sont plus nombreuses que lors de leur dernier affrontement. Je pensais rallier la dernière à notre cause mais...

    -Ce n'est pas plus mal, déclara Pai après une rapide réflexion silencieuse. Nous n'aurions pas pu lui faire confiance. Suis-moi.

       Kisshu ne répondit rien et obéit à son ainé, la mine boudeuse. Si Pai n'était pas de son avis, le cadet souhaitait, malgré tout, persister. La présence d'une mew-mew dans leur camp - l'une des plus puissantes, à en juger par son hématome – affaiblirait le moral de leurs ennemies si sensibles. Cependant, il préféra garder cette réflexion pour lui-même.

    -C'est étonnant. J'aurais pensé que tu te serais démené pour la première mew-mew. C'est quoi son nom déjà ?, intervint Tart qui suivait ses aînés. Ichi...Gochi...

    -Ichigo, répondit enfin Kisshu sans cacher son agacement. Elle s'appelle Ichigo.

    - Dis-donc ! Ce que tu es susceptible quand il s'agit d'elle, constata le benjamin en croisant ses bras.

       Ignorant la remarque du plus jeune, l'alien aux cheveux verts s'assit sur une chaise près de laquelle se trouvait une table où était posées diverses bandes et pommades. Il laissa Pai lui appliquer le baume froid sur ses côtes, réprimant une grimace de douleur.

    -Tu ne devrais pas trop t'enticher de cette humaine, intervint calmement l'aîné tandis qu'il attrapait une bande. Elle est ennemie. Nous devrons l'éliminer tôt ou tard. Tu ne peux pas te permettre de te laisser aller à tes sentiments.

    -Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai pas le moindre sentiment à l'égard de cette humaine. C'est une occupation, rien de plus. Lorsque je m'en serai lassé, je la tuerai. Elle et son insupportable petit copain.

       Pai n'était pas tout à fait convaincu par les mots de son cadet. Lui-même ne l'était peut-être pas, d'ailleurs mais il préférait ne pas l'admettre, pour le moment. Ce lien qu'il miroitait, qu'il désirait tant avec cette ennemie compromettait la réussite de leur mission. Pai et Tart devraient bientôt intervenir pour lui prêter main forte, pour qu'il ne dévie pas de leurs objectifs. La survie de leur peuple en dépendait.

       Le jeune homme attendait l'arrivée imminente des passagers, un petit panonceau où était écrit le nom de la jeune femme qu'il venait accueillir, dans ses mains. Mentalement, il se répétait ce qu'on lui avait demandé de lui dire. Il ne devait pas se tromper sinon son supérieur en serait fâché. Sa punition serait fatale. Même si, connaissant monsieur Saibhir, il finirait bien par mourir, lui aussi. Tout comme cette pauvre Kim qu'il avait dû abattre quelques heures plus tôt.

       Son employeur était un être cruel et froid. La pauvre jeune femme s'était portée volontaire dans cette mission dans l'espoir de revoir sa pauvre mère. Bien entendu, Hector Saibhir ne lui avait rien dit du sort d'Alaïs. Il avait ordonné sa mise à mort alors que sa fille n'avait que quinze ans. En pleine adolescence, effrayée et attristée par la disparition de sa mère, elle s'était volontiers réfugiée dans les bras paternels du bienfaiteur milliardaire. Au grand dam du jeune homme qui l'avait suivi. Il connaissait la réputation de Saibhir. Il savait qu'à l'instant même où Kim était entré dans la demeure du nanti, elle s'était condamnée, s'abreuvant des mensonges et des promesses de son protecteur.

       Mais Tae avait espéré que les choses se passeraient autrement. Qu'il réussirait à sortir son amie du joug de ce dangereux individu. En vain. Elle avait voulu rendre service à l'homme qui l'abritait depuis la disparition de sa mère. Elle avait voulu démontrer sa gratitude. Et le cruel l'avait remercié en demandant à son plus jeune homme de main de l'abattre. Mais loin de lui ! Oh, ça oui. Il ne fallait pas qu'il voie les yeux mourants de la petite Kim le fixer, n'est-ce pas ? Tae avait été contraint de suivre la jeune femme jusqu'à sa chambre, en silence. Lorsqu'il était entré, Kim lui avait offert son plus beau sourire. Quelle avait été magnifique à ce moment-là. Jusqu'à ce qu'une balle létale abîme son joli front, jusqu'à ce que son cerveau cesse, d'un coup de fonctionner, au même titre que son cœur. Jusqu'à ce que son liquide vital imbibe le tapis sur lequel elle était allongée.

       Elle avait été sa première victime. Son amie, sa chère amie qu'il aimait tant. Pourquoi s'était-il exécuté ? Seul dans l'aéroport, Tae luttait pour ne pas glisser à nouveau dans une folle détresse. Il s'entendait encore à crier tandis qu'il serrait le corps sans vie de son amie. Ah oui ! Pour sûr, Saibhir avait tenu sa promesse. La mère et la fille étaient maintenant réunies. Du moins, il fallait l'espérer.

       Son supérieur était arrivé, suivit de plusieurs hommes équipés du nécessaire pour nettoyer toute trace de cet acte. Habitué des meurtres ordonné par son maître après plus de dix ans de service, Ryan ne s'était même pas émeut de la détresse du jeune homme. On lui retira le corps de Kim de ses bras, on le releva avant que Ryan ne lui inflige une claque bien sonore sur sa joue humide. Il fallait qu'il se reprenne. Ce sacrifice était nécessaire et Saibhir avait ordonné à ce qu'il parte au plus vite rejoindre le terminal de l'avion de Kukki. Un jet privé l'attendait. Le plus rapide du monde connu, secret de tous, sauf de ses hommes. Eux aussi mourront. Oui, quoique Tae ait pu imaginer à l'époque, il s'était fourvoyé. Une fois au service d'Hector Saibhir, la seule issue était la mort.

       La douce musique de l'aéroport le sortit définitivement de ses pensées. Les passagers arrivés et parmi eux, il y avait sa cible. Collé à la barrière, il regarda attentivement les voyageurs passés devant lui, jusqu'à ce qu'une jeune femme aux cheveux bleu marine et aux yeux améthyste se dirige vers lui, intriguée.

    -Madame Smith ? demanda-t-il d'une voix neutre.

       D'un hochement de tête, la jeune femme confirma son identité. Elle resta silencieuse, mais la question qui brûlait ses lèvres était comme inscrite dans ses jolis yeux.

    -Je suis envoyé par votre père, monsieur Hector Smith. Il souhaitait s'acquitter de la promesse qu'il vous a faite avant que vous ne partiez. Une voiture nous attend à la sortie de l'aéroport pour nous emmener dans votre nouvelle demeure.

       Elle ne semblait pas comprendre. Pourtant, c'était bien ce qu'il avait à dire non ? Il devait improviser.

    -Vous ne vous souvenez pas ?

    -Ma mémoire me fait un peu défaut en ce moment monsieur, je suis désolée, répondit-elle enfin.

    Pris au dépourvu, Tae ne sut quoi répondre. Allait-elle le suivre, malgré tout ? Ils restèrent à se regarder quelques instants, gênés de la situation, jusqu'à ce qu'enfin Kukki Smith passe en dessous de la barrière – au lieu d'en faire le tour – pour rejoindre l'homme de main de son père.

    -Mais si vous dîtes que c'est mon père qui vous envoie, je ne vois pas de raison de refuser. Je vous suis.

    Ce ton candide, ignorant. Il ne le connaissait que trop bien. C'était le même que celui de Kim. Elle aussi, visiblement, était victime de l'emprise de Saibhir. Mais il ne montra rien de ses pensées et s'exécuta tel un bon soldat. Il l'escorta jusqu'à une berline aux vitres teintées, lui ouvrit la portière et la suivit, silencieux. Elle avait refusé de se défaire de son maigre bagage. Alors, il n'avait pas insisté et avait laissé le silence s'installer à nouveau entre eux.

    -Vous parliez d'une demeure ? lança-t-elle en fixant la route.

    Il n'était pas difficile de deviner son trouble. Sa voix, sa posture, tout le montrait.

    -Monsieur Saibhir souhaite que vous soyez installé au mieux dans le pays. Il a même fait appel à un professeur particulier pour vous apprendre la langue locale si...

    -Ce ne sera pas nécessaire, coupa-t-elle de sa voix douce. Je comprends et parle cette langue.

      Un don qu'elle avait découvert au cours de son vol. À côté d'elle, un natif revenait dans son pays après de très courtes vacances aux États-Unis. Elle ne s'en était pas rendu compte, dans un premier temps. Jusqu'à ce qu'une hôtesse passe pour proposer à elle et à son voisin des rafraîchissements. L'homme avait demandé s'il y avait du thé de disponible, mais l'employée n'avait pas compris un traître mot de ce qu'il avait dit, demandant à plusieurs reprises qu'il se répète plus lentement. Kukki en avait été surprise. Et elle le fut plus encore lorsque son voisin indiqua également qu'il ne comprenait pas tout à fait. Elle crût, un instant, devenir folle. Alors, pour mettre un terme à cette scène rocambolesque, elle avait passé commande pour l'homme assis à côté d'elle.

    -Vous comprenez le japonais ?, avait-il demandé après que l'hôtesse parte pour continuer à prendre les commandes.

      Une question étrange. Pour elle, il n'y avait pas d'autres langues. Il avait bien un accent, peut-être, mais léger. Elle avait lu qu'il existait de nombreuses langues dans ce monde, mais jamais elle n'avait imaginé pouvoir les comprendre aussi distinctement.

    -Et bien, oui, je pense, avait-elle répondit avec un petit sourire poli.

    -Oh ! Et vous le parlez très bien aussi. C'est agréable d'entendre un peu de ma langue maternelle avant de revenir sur ma terre natale, vous savez. Vous venez visiter le Japon ?

       L'homme avait été si heureux qu'ils avaient discuté tout le trajet durant avant de se séparer durant leur descente. Kukki avait expliqué qu'elle ignorait encore si elle était partie pour un peu de tourisme ou bien pour vivre dans cette contrée. Jusqu'ici, après tout, sa maison avait été un bunker souterrain, occupé par des scientifiques et des appareils complexes. Elles n'avaient pas pensé, le moins du monde, qu'elle pouvait s'installer ailleurs pour y vivre, libre. Cependant, Hector avait, vraisemblablement répondu à la question à sa place en lui offrant cette demeure qu'avait mentionné Tae. Un accord qu'ils avaient fait sans que Kukki ne s'en souvienne.

       Le trajet fut long et silencieux. Petit à petit, les habitations avaient fait place aux immenses étendus sauvages. La voiture avait ensuite pris un chemin forestier, chahutant généreusement le conducteur et leurs passagers pour enfin rejoindre un chemin moins escarpé, dallé, qui se dirigeait vers un modeste manoir.

    -Nous voici arrivé, madame Smith, l'informa Tae.


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